Thématique

Nous avons de bonnes raisons de considérer que l’Allemagne a joué un rôle prééminent dans le développement de la philologie et de la linguistique au cours du 19e siècle. Cette domination repose sur la transmission, à d’autres communautés scientifiques nationales, d’outils théoriques, de thèses, de méthodes et de pratiques institutionnelles.

La transmission, toutefois, ne se réduit pas au fait d’hériter un ensemble de connaissances. Les connaissances transmises ont été rééalaborées par les traditions et les individus qui les avaient reçues.

D’un autre côté, les idées linguistiques et philologiques allemandes ne se sont pas constituées dans un vide théorique et indépendamment du reste du monde : il faut donc prendre en compte les transferts vers l’aire de langue allemande et le rôle qu’ils ont joué dans la constitution des idées, méthodes et institutions linguistiques et philologiques.

Le 19e siècle et le début du 20e ont certainement été une culmination. Mais comprendre l’émergence et les conséquences de cet âge d’or invite à prendre une perspective plus large. Quels transferts transnationaux sont intervenus avant cette période ? Les idées, méthodes et institutions d’origine allemande ont-elles été retournées à leur envoyeur, et sous quelles formes ? Dans quelle mesure est-on même justifié à parler de traditions nationales, en particulier d’une tradition spécifiquement allemande ?

 

Les propositions pourront traiter des sujets suivants (cette liste ne doit pas être entendue comme épuisant tous les sujets possibles) :

  • L’extension de la grammaire gréco-latine à l’allemand.
  • Le rôle de la Grammaire Générale en Allemagne.
  • Les premières classifications et généalogies des langues (par ex. chez Gessner et Hervas y Panduro) et leur rôle dans la linguistique allemande postérieure.
  • La constitution de la philologie moderne vers la fin du 18e siècle, la montée de l’herméneutique, des études anciennes et orientales, et le rôle de l’Allemagne dans cette évolution. La grammaire historique et comparée, les Néogrammairiens et leur rôle en dehors de l’aire de langue allemande (p. ex. leur réception et réélaboration par Bréal, Saussure, Rask, Verner, Pedersen, Baudouin de Courtenay, Kruszewski, Whitney, Bloomfield…).
  • La linguistique naturaliste (avec Schleicher et ses homologues étrangers, p. ex. Hovelacque et Chavée).
  • La linguistique anthropologique et ses racines allemandes (cf. Boas).
  • La géographie linguistique et la dialectologie (et ses divers rameaux dans les travaux d’Ascoli, Edmont, Jaberg, Jud et al.).
  • La romanistique (chez Diez, mais songer aussi au rôle d’immigrés juifs aux Etats-Unis, comme Spitzer et Auerbach).
  • La constitution de la linguistique générale et l’interaction entre les recherches allemandes (p. ex. Gabelentz, ou la linguistique psychologique) et leurs adaptations ou homologues étrangers.
  • L’influence de la linguistique psychologique allemande à l’étranger, et la comparaison entre ce courant et ses contreparties étrangères.
  • Les relations entre l’Allemagne et les écoles structuralistes étrangères.
  • La part des idées allemandes dans la linguistique contemporaine (non sans tenir compte de leur transmission historique).
  • Enfin, les communications pourront aussi prendre pour objet des individus qui ont joué un rôle clé dans ces transferts.
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